projet « Homo LACAZUS »

La « cabane » rejoint les multiples variations de l’habitat précaire : hutte, abri, cabanon, baraque, appentis, remise, bicoque, etc. Elle o re un abri, un habitat intime et éphémère et fait découvrir l’auto construction et l’ar- chitecture modeste.

« S’encabaner », art constructeur et fonctions de la cabane selon les âges Dominique Bachelart

J’ai l’impression d’avoir passé mon enfance à construire des cabanes, à chercher refuge, dans la forêt, les arbres, sous terre, dans des trous que j’aménageais et que je recouvrais de feuilles et de branchages après m’y être immiscé.
A 20 ans, c’est en parcourant la montagne pyrénéenne avec les bergers, que cette notion de refuge s’est maté- rialisée dans sa forme la plus noble: j’ai découvert le refuge de montagne. Un abri accessible aux estives et aux randonneurs, n’appartenant à personne mais non moins respecté de tous. Bien que rudimentaire, à l’intérieur, on s’y sent en sécurité et on y trouve toujours de quoi se réchauffer le corps; un peu de bois, des allumettes, du papier, parfois même des vivres pour le coeur.

Se poser, faire halte et vivre, dans un refuge de montagne quelques jours, c’est gouter à une sensation d’er- mitage, au silence et à l’immensité qui conduisent à un état méditatif propice aux rêves et à l’introspection. Au milieu des sommets, le refuge a fait écho à mes rêves et à mes besoins d’exil d’enfant.

Aujourd’hui papa, c’est avec ma fille et pour son plus grand plaisir que j’ai remis cette activité passionnelle au goût du jour. Dès son plus jeune âge, elle et moi avons pris l’habitude lors de nos promenades en bord de mer, d’élaborer de petites constructions avec les matériaux que nous trouvons autour de nous. Des objets, bran- chages, planches, savates deux doigt bref, presque tout ce que les ravines et les océans sont susceptibles de rejeter sur nos plages réunionnaises à l’occasion de grosses houles ou d’épisodes pluvieux fréquents dans le département. Une manière aussi de la sensibiliser et de sensibiliser les futurs visiteurs de ces habitations de fortune, au respect de la nature. L’enjeu reste une construction minimaliste, spontanée, laissant la plus belle place à l’imagination stimulée par les découvertes parfois insolites que nous faisons.

Et des visiteurs il y en a. Quelle surprise chaque fois en revenant sur les lieux quelques semaines, parfois quelques mois plus tard, de constater que d’autres l’ont façonnée. Chacun semble se réapproprier à sa manière, l’espace d’un instant, cet abri à la fois éphémère et précieux. Et c’est cette appropriation par autrui, par l’autre, ce passant qui passe, ce voyageur, ce père, cet enfant inconnu et familier qui m’a fait prendre conscience de la nécessité onirique et psychique liée à ce geste et de l’universalité qui le guide: l’instinct de survie.

Projet ayant reçu l’aide à la Création 2019 de la DAC Réunion.

Projet en cours de réalisation.



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